Dr Christian Couturier, chirurgien de la main

hand emergencies

Article du Parisien du 26 mai 2011 :

A l\’arrivée des beaux jours, reviennent les envies de jardinage, de bricolage…et les accidents ! Reportage à la clinique de Trappes (Yvelines), où 2 500 urgences des mains et des membres supérieurs sont prises en charge par an.

Un week-end ensoleillé, les envies de jardinage, le bricolage en retard… se terminent parfois en voyage direct, avec ou sans sirènes, vers les urgences. Premier samedi de mai à la clinique de Trappes (Yvelines), où 2500 urgences de la main et des membres supérieurs sont prises en charge par an. Cet établissement bénéficie du label européen SOS Main, tout comme huit autres hôpitaux publics ou privés de la région parisienne. Pourtant, seulement 10% des problèmes traumatiques urgents à la main sont traités dans ces pôles d\’excellence qui appliquent des tarifs intégralement remboursés par la Sécurité sociale pour les patients qui se présentent d\’urgence.

Il est 10 heures. Le bloc opératoire de la clinique de Trappes est occupé pour une fracture du fémur. En attendant, des blessés de la main patientent depuis la nuit. « Quand il n\’y a pas de caractère d\’urgence, on recommande de différer de quelques heures les interventions afin d\’être reposé et d\’opérer de jour, pour être plus performants », indique Christian Couturier, responsable du service dédié aux membres supérieurs.

14h50. Coup de téléphone des urgences. Un enfant de 6 ans présente une fracture du radius et du cubitus, les deux os de l\’avant-bras. Le chirurgien file voir le blessé et ses parents. « On va opérer votre fils plus tard parce qu\’il vient de manger, leur apprend le docteur. Il faut qu\’il soit à jeun depuis six heures pour la sécurité de l\’anesthésie. » Le spécialiste profite de son passage aux urgences pour regarder la main gonflée d\’un autre patient. « C\’est juste une inflammation du tendon. »

15h10. Retour au sous-sol, au bloc opératoire. Les mains et les bras sont lavés. Un pyjama rose, une cagoule bleue, un masque de chirurgie, de nouvelles chaussures et des gants stériles sont enfilés.

15h35. Allongé et déjà pris en charge par l\’anesthésiste, un cuisinier présente un index taillé en biseau après une mauvaise manipulation de son couteau. Le tendon est juste un peu entaillé. « J\’explore la plaie et je nettoie tous les tissus abîmés, pour éviter une infection future », commente le docteur Couturier. Le lambeau de peau qui était détaché du doigt est nettoyé puis recousu. Il agira comme une greffe de peau. L\’acte a été facturé 82,86 € à la Sécu.

16h10. Le chirurgien file dans un autre bloc où un deuxième patient a été anesthésié localement, comme dans 98% des opérations du membre supérieur. Un adolescent s\’est fracturé le coude en jouant au bras de fer. Comme les autres patients, il entendra ce qu\’on lui dit, mais ne verra rien, son tronc étant séparé de son bras par un rideau stérile.
Le spécialiste explore l\’articulation et place deux broches pour maintenir un fragment osseux. Elles seront retirées dans six semaines. En attendant, le chirurgien installe une attelle en résine, avant le plâtre qui sera posé dans quelques jours.

16h50. Un pizzaïolo s\’est planté un tournevis dans la main en bricolant chez lui. La plaie est petite en surface mais les lésions peuvent se révéler importantes. « Un muscle de la paume est touché, mais cela se remettra seul », glisse le chirurgien. Par bonheur, la pointe de l\’outil est passée juste entre le tendon et le nerf. « Bien visé », rigole le patient.
18h5. Le téléphone sonne. L\’infirmière le colle à l\’oreille du chirurgien pendant qu\’il termine sa suture. Un autre hôpital lui envoie une petite fille de 7 ans qui s\’est coincé un doigt dans une porte. L\’accueil des urgences prévient aussi qu\’un homme amputé d\’une partie du pouce à la scie circulaire vient de se présenter.

18h18. Une vieille dame se fait soigner un panaris sur le majeur. « C\’est une opération qui est facturée un peu plus de 20 €, ce qui est inférieur au tarif horaire de mon aide opératoire », reprend le chirurgien. L\’infection avait gagné le dessous de l\’ongle. La patiente, qui aurait pu perdre son doigt en cas de progression de l\’infection, ne gardera aucune séquelle.

19h20. Christian Couturier peut enfin s\’occuper du jeune garçon à l\’avant-bras cassé et complètement désarticulé. Pas besoin d\’opérer. Une manipulation suffit. « Chez les enfants, le périoste, une membrane, entoure l\’os, explique le docteur. Il faut en fait replier l\’os et remettre les deux bouts cassés face à face. » Dans la pratique, on a l\’impression de le voir tordre de la pâte à modeler. Une radio prise en direct vient attester de la réussite de la manipulation. Un plâtre est posé.

20h5. Le chirurgien retourne à l\’accueil des urgences pour rencontrer la mère de l\’enfant qui s\’est coincé le doigt. « Il y a une fracture ouverte et on va être obligé de nettoyer la plaie sinon une infection pourrait se développer dans l\’os », détaille le spécialiste. Pendant ce temps, l\’autre patient amputé de son pouce est installé au bloc.

21 heures. Le pouce broyé par la scie circulaire n\’est plus que de la viande hachée. L\’index est, lui, entaillé. En parvenant à récupérer le maximum de tissus sains, le chirurgien réalise une « poupée » avec le pouce du patient qui ne perdra au final que quelques millimètres et n\’aura plus d\’ongle. « Il pourra prendre les objets comme avant », souffle Christian Couturier, qui a parfois dû prendre le pouce du pied d\’un patient pour le mettre à la place de celui de la main.

22h7. L\’intervention sur la fillette au doigt coincé débute. Tout se passe parfaitement. Et à 23 heures la journée est terminée. « Il n\’y a pas eu beaucoup de monde aujourd\’hui », assure, sans rire, le chirurgien, qui part dormir mais reste de garde jusqu\’à 8 heures.

Le Parisien


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